Réflexion à partir des observations sur les Tonalités Majeures
Dans la musique tonale (occidentale), on respecte tonalités et degrés selon les
règles de l'harmonie (analyse, écriture portée) construites au cours des siècles.
Ce n'est pas par hasard si certaines tonalités (appellations) ne sont pas utilisées,
par exemple, Ré #, Sol # ou LA # (même si on peut le faire pour illustrer la théorie).
En effet, comparons les Tonalités de Ré # et Mi b :
en français: en notation internationale:
Ré# Mi# Fa## Sol# La# Si# Do## Ré# D# E# F## G# A# B## C## D#
Mib Fa Sol Lab Sib Do Ré Mib Eb F G Ab Bb C D Eb
En Ré # Majeur, on obtient 2 double-dièses (pour respecter les degrés) où Fa## équivaut à Sol.
En Mi b Maj, c'est bien plus clair, pour l'esprit et sur la partition (3b à la clé).
Oui, respectons les degrés diatoniques (changer de nom de note ou de lettre, pas 2 fois la même).
Cela peut sembler aberrant pour un néophyte qui dira "mais Ré# et Mib c'est pareil".
Victime du tempérament égal, nous sommes presque tous abusés par cette "injustesse",
démontrant les limites de notre oreille occidentale, fière et naïve.
Fa## est bien la Tierce Majeure de Ré#, alors que Sol en est la Quarte diminuée.
Bien sur, 3 Maj et 4 diminuée vont sonner pareil sur un piano, mais pas sur un violon ou une flûte,
ou tout autre instrument non-tempéré (sans barrette, vents, cuivres, chant) qui
peuvent respecter les enharmoniques (1 comma de différence, soit 1/9e de ton, soit 11 cents).
L'accord d'Hendrix
Dans le blues, le rock, le jazz, un accord Mi 7 9# mélange bien les "2 tierces",
mais
ce sera une Neuvième augmentée (9#) et non-pas une tierce mineure (Sol)
car l'accord
est bien Majeur
: Sol# en tierce Majeure et Fa## en neuvième dièse.
Cet accord est aussi appelé le Mi d'Hendrix, même Jimmy n'a fait que le redécouvrir
car de nombreux compositeurs (Debussy) avaient déjà exploré cette tension
générée par d'autres gammes, moins utilisées.
Il est essentiel pour le compositeur ou musicien de saisir les principes logiques de
l'harmonie tonale (ce n'est pas la seule, d'autres concept harmoniques existent).
Sa complexité et ses richesses demandent du temps pour son intégration musicale,
intellectuelle et subconsciente, par une approche progressive vers la maîtrise de ses
subtilités, notamment en improvisation et dans la création d'arrangements.
Quelle est la différence entre Ré # et Mi b ? entre D# et Eb ?
En réalité, elle est d'un comma (soit un neuvième de ton ou 22 centièmes de demi-ton environ)
et Ré# est plus haut d'un comma que Mi b de 22 cents
et Ré# est l' enharmonique de Mib. plus de détails en page suivante
Rappels de bases des intervalles harmoniques:
L'intervalle C C# est d'un demi-ton chromatique, soit 5 commas (même lettre).
L'intervalle C Db est d'un demi-ton diatonique, soit 4 commas (change de lettre).
L'intervalle C D est d'un ton (9 commas) soit 1/2 ton chromatique + 1/2 ton diatonique.
Quelles sont les 12 gammes Majeures utiles ? (sur 15 cas possibles)
Tonalité Altérations - Armature tonalité enharmonique
|
DO |
- |
oublier Si # |
Ré b |
5 bémols |
éviter Do # (7#) |
RE |
2 dièses |
- |
Mi b |
3 bémols |
éviter Ré # |
MI |
4 dièses |
oublier Fa b |
FA |
1 bémol |
oublier Mi # |
Sol b |
6 bémols |
choix avec Fa # (6#) |
SOL |
1 dièse |
- |
La b |
4 bémols |
éviter Sol # |
LA |
3 dièses |
- |
Si b |
2 bémols |
éviter La # |
SI |
5 dièses |
éviter Do b (7b) |
|
|
Comment trouver la Tonalité d'une mélodie, grâce à l'oreille ?
Prenez une mélodie simple pour commencer (ou un passage mélodique d'une œuvre).
Avec un instrument (piano, guitare, flûte), notez sur un papier la liste des notes utilisées
dans la mélodie (même celles discrètes) ex: Si Sol Do Mi Fa# Sol Ré Si Do Sol.
Ecoutez les notes des autres instruments (harmonies), y en a t'il de nouvelles qui
colorent ? les noter aussi.
Vous avez les notes, classez-les par ordre croissant ex: Do Ré Mi Fa# Sol Si
Vous avez noté la présence de # ou b :
>
essayez en mettant toutes les altérations en #, ex: Do Ré Mi Fa# Sol Si
> puis tout en bémol. ex: Do Ré MI Solb Sol Si ... ouille, 2 Sol, ça ne le fait pas !
> Choisir toujours la simplicité > le cas avec le moins d'altérations !
ici dans notre exemple, la version avec 1 # s'impose > notre gamme est Sol Majeur car même si le La est absent, entre Sol et Si (2 tons), le La prendrait sa place, sinon
La# aurait fait son apparition.
Si vous avec les 7 notes, c'est simple, la gamme est diatonique (7 degrés).
Si vous en avez 6, il faudra déduire celle qui manque (souvent la sixte) (ici La).
Si vous en avez 5, c'est une pentatonique ! liée à une diatonique ? pas forcément,
mais il y a des chances.
Pour le jazz, vous risquez d'obtenir 8, 9 ou 10 notes, certaines sont des modulations
passagères (les "notes out" ou "blue notes") ou bien un chromatisme (A A# B C)
où toutes les notes ne font pas partie de la gamme, c'est passager.
Il faudra donc trier celles de la gamme concernée: ici, l'expérience est nécessaire,
idem pour les changements de tonalité durables ou passagers.
Vous avez les notes, il faut trouver la quelle est la Tonique (la note racine).
A partir de cette Tonique, vous obtenez le Mode (majeur, mineur, lydien, phrygien...).
A partir d'un des degrés du mode, vous en déduisez la Gamme (parfois la même que le mode).
Quand ce mode colle à l'échelle Majeure (2212221), c'est la Gamme Majeure
correspondante, la Tonalité > voir construction de la gamme Majeure ici
Quand ce mode colle à l'échelle mineure naturelle (2122122), c'est la Gamme
relative mineure correspondant à la Tonalité Majeure située 1 ton et demi au-dessus.
C'est la base de l'analyse harmonique à partir des intervalles (entre les notes).
Avec le temps et l'expérience, il deviendra plus facile et logique de déterminer la Tonalité
et les modes utilisées dans un œuvre. La vitesse et la profondeur dépendra de la maîtrise du sujet.
Cet exercice est largement étudié en cours d'harmonie, aussi en faculté de musicologie (2 ans). | |
Ordre des dièses, ordre des bémols (mémoriel)
La synthèse de cette page pourrait se symboliser par 2 mantras mnémotechniques.
Les altérations apparaissent en étudiant les Tonalités par Cycle de Quintes (dièses) lien
et par Cycle de Quartes (bémols).
Ainsi l' ordre des # est F C G D A E B ou Fa Do Sol Ré La Mi Si
et
l' ordre des b reste B E A D G C F ou Si Mi La Ré Sol Do Fa
Ces deux "mantras", je les ai appris par cœur en 1979, depuis jamais je ne les ai oubliés.
Explication:
A partir de Do Majeur que je transpose une quinte au-dessus, soit SOL Majeur, je trouve un
premier dièse Fa # (la septième Majeure). Transposé une quinte au-dessus, je passe en Ré
Majeur (qui contient déjà F# en tierce Maj), je trouve alors C# en septième Majeure (sensible).
Pour trouver l'ordre des bémols, je transpose par quarte C, F, Bb, Eb...
F# est le premier # qui apparaît, ensuite C#, puis G#...
Bb est le premier b qui apparaît, ensuite Eb, puis Ab ...
et c'est dans cet ordre que s'inscrit l'Armature à la clé, "logique" dirait Sherlock.
A partir de ces 2 mantras mémorisés, je peux reconstruire par écrit la liste des Tonalités,
avec leurs notes et altérations détaillées, ainsi que les tableaux de cette page, exercice
mental Ô combien constructif, permettant d'intégrer consciemment et inconsciemment
l'architecture de l'harmonie occidentale tonale, avec ses proportions, ses liens et ses symboles.
L'intégration opère en profondeur sur des décennies, sans fin, toujours évolutive.
C'est d'ailleurs en réalisant cet exercice par écrit que m'est venue l'idée de rédiger cette page web
... yo, encore un "sans faute".
Quand ne pas mettre d'altération à la clé ? ( when NoKey ?)
Bonne question Ludo sur le "NoKey" ... when play with gnocchis ?
Le système des altérations # dièse & bémol à la clé, est étroitement lié à l'harmonie tonale occidentale
éh ouai ! et particulièrement à nos modes courants (majeur-mineur-harmonic-mélodic).
Tous les styles sont touchés : classique, pop-rock, variétés, blues, jazz, trad. occidental, BO, jeux.
Mais il n'a plus de sens pour les musiques expérimentales, contemporaines, antiques ou tribales
qui reposent sur d'autres valeurs, tel le tempérament juste qui est bien plus fin que la division par 12
demi-tons tempérés égaux, formatés à 4,5 comas, lobotomisés "au triphozate" quoi.
Cependant, on peut toujours utiliser le NoKey pour une notation personnelle plus confortable
ce qui implique de mettre toutes les altérations en dièse ou bémol, si possible, pour plus de clarté.
Je l'utilise souvent pour les compos libres qui modulent à tout va ou en permanence.
Cependant, j'en fais l"analyse pour noter les modes possibles sur mes suites harmoniques,
très utiles pour improviser ou arranger.
Perso, je trouve plus importants les modes que la tonalité, surtout dans l'instant récurent, et
aussi par volonté de liberté, pour altérer un mode, pour recolorer un instant, une mine d'or.
On ne met généralement aucune altération à la clé dans les cas suivants:
- sur la tonalité de Do (majeur) et La mineur (éolien), bien sûr.
- sur la gamme chromatique (12 degrés égaux-tempérés).
- dans la musique atonale, sans repère harmonique ou tonique stable.
- souvent sur les gammes à (8), 9, 10 et 11 degrés (exotiques) qui mélangent # et b.
- pour noter rapidement une phrase(s) mélodique sur un grille d'accords, avant analyse harmonique.
- parfois, c'est plus simple de tout laisser en Do: cas d'harmonies complexes qui grouillent (Joe Zawinul).
- sur les constructions harmoniques à structures symétriques (Allan Holdsworth, N. Slonimsky).
- dans les musiques "sémantiques" ou xenharmoniques, qui divisent l'octave en 53 subdivisions harmoniques.
- dans les musiques à tempérament marqué: trad. Bali, Java ou hors du système tempéré.
- dans le free-jazz et les musiques improvisées ou total free.
- et très utilisé par les débutants, quelques rebelles trash-metal-gore et autres barbares.
Taratata, chacun fait comme il lui plaît !
sauf on souhaite être lisible par d'autres musiciens que ses potes...
Evitez cependant russes, slaves sans vergogne et autres voleurs de gnocchis, sauf si vous êtes bien assurés.
|