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- SAM: Comment qualifier ta démarche de compositeur
sur le plan créatif ?
- JIHEF: La première période
1981-1998 a été un long cycle d'expérimentations
sur les climats et
les ambiances dont on retrouve la force
dans les musiques de film et les génériques.
C'est
une période riche en recherches,
de travail sur le son, nécessaire pour
renforcer ma personnalité musicale. Travail
sur les arrangements aussi.
A cette époque, mon nom d'artiste était J. Vertuchou.
La
deuxième période 1998-2005 est celle de la maitrise pour exprimer cette personnalité
musicale. J'intègre
beaucoup plus les instruments électriques et acoustiques.
C'est un travail d'interprétation et de maîtrise du son des instruments.
Les solos de guitares sont plus originaux
avec un son plus fin mais puissant.
J'utilise
aussi plusieurs basses simultanées,
dont une mélodique ou soliste.
La virtuosité et le lyrisme s'installent avec des phrasés
personnels plus enlevés.
Les compositions sont plus abouties, elles me ressemblent
plus.
Le jazz-rock, le rock progressif, les influences
tribales s'expriment sans retenue.
Les arrangements deviennent plus sobres et plus efficaces.
Le son frise la perfection, tel qu'il doit être, équilibré,
fin et profond.
En
fait, c'est un long cheminement qui représente plus de 40 ans
de travail, de
recherches permanentes dont je cueille les fruits depuis 2005.
- SAM: Où vas-tu chercher toutes
tes idées, où puises-tu ton inspiration ?
- JIHEF: Question pas simple !
Ce
qui me fait vibrer, c'est la combinaison d' harmonies et de rythmes originaux,
fusionner la transe, le planant, le tribal, le
modernisme et toutes les musiques,
en bref le jazz-rock-progressif et des fusions créatives.
J'adore
la musique vivante et créative, qui change, qui module et qui surprend.
J'ai adoré la créativité du doué sorcier Todd Rundgren, multicarte et inspiré.
J'ai adoré la créativité du talentueux clavier George Duke, voix, compos et synthés inspirés.
J'ai adoré la créativité de Gong, Weather Report, l'énergie de Bill Bruford et Jeff Berlin.
Frank Zappa m'a beaucoup apporté et influencé, surtout la période 1973-78.
Une
composition: c'est comme un film, un scénario, une histoire ou
un voyage.
Pour
moi, chaque composition est un monde unique.
Je dois avouer que l'origine principale de mes idées trouve
sa source dans mon
imagination
et mon oreille intérieure... étayés
par une culture musicale très large
et profonde, et un refus de complaisance, je recrée un esthétisme sonore personnel.
Il y a en moi le sage qui pose l'assise et le climat, l'ado qui prend souvent des risques
et l'enfant qui découvre toujours avec curiosité.
Merci à Allan Holdsworth qui m'a conforté à puiser en moi l'originalité, sans tomber
dans le style "à la manière de" comme le font pratiquement tous les musiciens.
Aujourd'hui, j'écoute très peu de musique et je m'ennuie grave aux concerts.
- SAM: Pourquoi n'entend-on pas tes compositions en concert ?
- JIHEF: D'abord, mes compos sont trop complexes à jouer sur scène et j'aurai du mal à trouver
des compères pour les interprèter.
Pourtant, il suffirait de pas grand chose pour que cela soit possible sur mes créations
de 2016 que j'ai composées pour un trio virtuel en attendant le jour où ...
En fin 2020, j'ai créé le trio TriGen, trio libre et ouvert (c'est rare) où je peux placer
enfin mes compos, où je guide mes comparses en leur laissant pas mal de liberté.
- SAM: Tu utilises aussi
les "machines" pour les musiques plus actuelles (électro,
jungle) ?
- JIHEF: Les séquenceurs
des 70's, les vocoders, les synthés vintages et autres boites
à
rythmes sont des outils modernes qui ont marqués les expérimentateurs
et
sorciers sonores inspirés (Todd Rundgren, Jan Hammer - période
70's only).
Les outils ont terriblement évolués grâce aux ordinateurs.
Il en existe beaucoup
sous
forme logicielle, j'en ai sélectionné quelques uns parmi
des dizaines pour
leurs qualités complémentaires: Diva, Kontakt, Korg Wavestate, Triton...
- SAM: Tu enregistres, mixes, produis et masterises tes albums, c'est pas trop lourd
tout ça ?
- JIHEF: Mon métier, c'est
ingénieur du son et c'est passionnant le son, autant que la musique
qui n'est pas un métier, sauf pour un balochard qui fait 250 dates par an ou un
zicos qui joue en tournée pour un(e) chanteur(se) connu(e) mais quel ennui ! Ces
2 passions 'son et musique) sont, pour moi, complémentaires et indissociables.
Mes compos me permettent de voyager très loin, en créant
des mondes.
J'enregistre seul l'interprétation de mes instruments
et voix.
Parfois,
je m'associe sur un titre en co-compositeur, c'est intéressant.
Il
m'arrive assez rarement d'inviter un musicien pour apporter une autre approche.
Cela
dit, j'aime beaucoup jammer avec de bons musiciens, en impro sur scène
!
Mais
je dois avouer ceci: c'est seul qu'on avance bien, sans attendre les
autres.
Pour moi, je suis le mieux placé pour faire tout ça et
obtenir le résultat que je
recherche, il n'y a pas à discuter, rien à défendre,
plus de problème d'égo.
La
technique d'enregistrement est devenue hyper simple et grâce à
cette
transparence, je peux me concentrer sur l'interprétation pendant
les prises.
Je passe beaucoup de temps à travailler mes presets et le son et les faire
évoluer.
C'est
surtout une passion dévorante sans laquelle la vie serait un
peu fade.
- SAM: Les solos de guitare sont hallucinants,
le son est grandiose, quel est ton secret ?
- JIHEF: Je suis enfin satisfait
du son de mes guitares et des solos, depuis 2003 seulement.
J'ai enfin le truc pour les faire sonner comme je l'entends, tant sur
le plan
musical que sur le plan sonore, j'ai longtemps recherché cette
qualité.
J'enregistre mes guitares électriques avec mes banques
de sons perso,
(zoom G2.1u, Zoom G5n, vsti Guitar Rig) avec une très bonne qualité de prises
de son,
le reste, c'est une question de choix de notes (oreille) et de toucher bien
senti (doigts, phrasés et feeling), avec ensuite une oreille de technicien du son.
Ecoutez l'abum Metamorphe, les titres: "Magdalyn",
"Hike", "Metamorphe", "Le mur de Plank".
- SAM: Tu affiches une impertinence désopilante, quel est ton secret ?
- JIHEF: Je n'ai jamais fait la pute pour intégrer un réseau commercial, aussi e reste résolument
instrumental, anti-commercial et créatif. J'ai toujours pissé sur la merde mais en toute
discrétion: je respecte trop les humains mais pas leurs manières !
Pour moi, les hommes préhistoriques étaient bien plus évolués et intelligents que
notre société business, basé sur le profit au détriment de la santé et
de l'intelligence humaine: rentabilité, marketing, pollution, consommation sont à bannir !
Le problème, c'est l'énorme quantité de gens qui sont tellement aveuglés dans
le moule du consommateur, en travailleurs éduqués et conditionnés, sans cervelle.
C'est tellement bien en place, qu'il va être difficile et très long pour changer les
consciences. Industriels, politiciens, mafia et autres profiteurs sont là
pour s'enrichir en appauvrissant le reste du monde, tous des complices d'un
génocide mondial, la 3e guerre mondiale (passive).
Les personnes les plus pauvres (les plus victimes) vont mourir en masse, délaissés.
Les personnes de la classe moyenne (les plus esclaves) ne peuvent entendre ce
message, lobotomisés par une éducation et une acceptation bien acquises.
Le grain de sable dans la machine va bientôt révéler que la machine est obsolète.
Il faut absolument revoir notre mode de vie, et c'est le seul message à passer !"
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